Autoportrait réalisé aux Ateliers Yves Monnier, Saint-Romans, 2021
Après avoir initié le projet Les Vaches de Monsieur Yoshizawa, j’ai cherché une manière d’élargir le principe de correspondance écrite et photographique que j’avais mis en place à cette occasion. C’est ainsi qu’est né le projet Mémoires Contemporaines durant une résidence de recherche et de production au sein de l’Association Médiart de 2018 à 2019.
« Quelle part de l’histoire, de notre histoire, voulons-nous transmettre ? Chaque personne qui le désire peut partager une part de son histoire, par le biais d’une image qui a du sens pour elle et dont la conservation lui importe : image familiale, image d’actualité, image du quotidien, image de voyage, etc. »
Vues de l’exposition “Mémoires Contemporaines“ à la Galerie l’Antichambre, Chambéry, 2022
Je recueille cette image via la plateforme www.memoirescontemporaines.com, accompagnée de quelques lignes en langue maternelle ou dans une langue choisie, comme un témoignage personnel et sensible, un contexte. Chaque fois qu’une image arrive sur la plateforme, le travail de matérialisation se fait en suivant la chronologie d’arrivée des fichiers. Il n’y a aucun critère de sélection. Je substitue alors aux écrans qui incarnent les images numériques au quotidien, d’autres matériaux. Ils sont issus de l’activité humaine et/ou non-humaine. Ils ont tous comme qualité commune d’être persistants dans l’environnement, polluant ou non, ils marquent le paysage durablement : plastique, béton, peinture à carrosserie ou de marquage, goudron, or. J’utilise pour cela tout type de procédés à disposition aujourd’hui, issus de la gravure, de la pratique du pochoir, de la sérigraphie ou encore l’impression et la découpe numérique industrielle. Points de départ de la rencontre avec les intérêts particuliers, les sensibilités des uns, des unes et des autres autour des usages de la photographie aujourd’hui… Je collectionne ces images ainsi que les critères de sélection et de conservation de tous ces anonymes…
Série d’images numériques issues de la série “Mémoires Contemporaines“, 2018 – 2021.
À travers le dispositif de déposes de pochoirs vinyliques, j’explore une nouvelle façon de travailler. Plutôt que de choisir moi-même, comme dans les petits formats ci-dessus, les matériaux avec lesquels incarner les images numériques, j’ai décidé d’utiliser le pochoir, mais sans le matérialiser directement. En effet, c’est l’environnement immédiat de l’œuvre qui lui donne sa forme finale. Les particules présentent dans l’air, dans l’eau, issues des activités humaines et non-humaines viennent ainsi imprégner lentement le support fait d’une plaque de Fermacell (mélange de fibres de celluloses et de plâtre).
Série de photographies numériques prises lors de la révélation d’un pochoir à Grenoble en 2018.
Les pochoirs sont littéralement abandonnés à l‘environnement et avec le temps, ce sont tout à la fois la pluie, l’air, les rayons du soleil qui viennent marquer les supports et ainsi incarner les images.
Après quelques semaines, quelques mois, lorsque le pochoir commence à se décoller, je révèle l’image en retirant le sticker. Il apparaît alors un contraste entre la partie qui a été protégée par le pochoir (restée clair) et la zone qui a été soumise aux aléas du temps (imprégnée de particules atmosphériques).
Série d’images numériques issues de la série “Mémoires Contemporaines“, 2018 – 2021.
Pour plus d’informations veuillez consulter le site spécifique dédié à ce projet : www.memoirescontemporaines.com